29 février 2008

LE POIDS DES MOTS.


Faut-il éviter les querelles de mots?

Oui, les mots peuvent être trompeurs et imprécis, il faut se méfier des querelles qui reposent sur des malentendus.

Non, il est important pour la vérité et la communication que la signification des mots soit bien établie.

Oui, parce que maintes querelles qui se croient d'idées ne sont que des querelles de mots.

Le langage est un instrument dangereux, car les mots désignent des choses différentes selon les individus, ils peuvent donc porter à confusion et être à l'origine de conflits.

Les mots nous trompent car le langage n'est pas le reflet exact de la vérité.

Du point de vue philosophique, il faut s'interroger sur la valeur de l'instrument que nous utilisons chaque jour.

Les mots peuvent ne pas dire les choses que l'on voulait dire.

Le langage est à la fois un instrument indispensable et un instrument dangereux parce qu'il n'est pas clair. En toute logique il faudrait éviter de se disputer pour des mots, des malentendus, des lapsus ou des quiproquos qui ne reflètent en aucun cas la réalité.

- " Les hommes le plus souvent se querellent pour des mots. C'est pour des mots qu'ils tuent et se font tuer." Anatole France.


Une langue non maîtrisée tourne à vide.

Un discours totalement cohérent n'est pas nécessairement vrai. Il est possible de parler pour ne rien dire, il faut donc éviter de se quereller pour ce rien.

Peut-être avez-vous fait l'expérience comme moi, de relire à tête reposée un discours qui vous avait paru, on va dire "normal" et d'être déçu de ne pas y trouver l'idée, la trame, le fil rouge que votre oreille avait décelé. Peut-être qu'en écoutant, on ne peut pas réfléchir assez longtemps sur une même idée, on est "happé" par les mots qui suivent et ceux qui suivent encore après, au rythme de la parole.

Quelle serait l'utilité d'une discussion sur ces mots énoncés oralement reflétant pour chacun de nous une image rapide ou une pensée très personnelles presque intimes ( vous savez l'intime conviction)? Entre personnes sensées il est impossible de débattre ou de se battre pour des idées qui ne sont que des phrases.

Un discours énonce et transcrit sur le plan des mots une réaction qui n'appartient pas au domaine des mots.

Le langage n'est pas une science exacte, il est du domaine de l'opinion, il peut occasionner des malentendus être dangereux et conduire à des dérives.

Non, les querelles de mots ont leur utilité pour démasquer les faux-savoirs, les préjugés et l'ignorance.

Il n'y a pas de langage sans pensées. Penser et parler se définissent l'un par l'autre.

La pensée ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot adéquat et inversement le mot n'est jamais une "forme vide" parce qu'il a toujours pour quelqu'un un sens ou un non-sens.

Lorsque nous parlons nous savons ce que nous voulons dire, nous pouvons nous expliquer et nous ne choisissons pas nos mots au hasard, nous pensons que nous énonçons les phrases qui expriment le mieux notre pensée. Les mots ne sont jamais innocents.

Peut-être avez-vous lu Bachelard quand il estime qu'il faudrait psychanalyser la connaissance parce que : - " La vieille image revient à l'esprit quand le vieux mot revient aux lèvres."

Il n'est jamais insignifiant d'utiliser un mot plutôt qu'un autre et que ce soit délibéré ou non, lorsque le mot est dit "la chose" est évoquée.

Il ne faut pas se disputer pour certains mots, mais il ne faut pas non plus permettre que les fours crématoires ne soient qu'un "détail", admettre que la liberté devienne le synonyme de "licence" et il ne faut pas que "philosopher" soit l'équivalent de "parler pour ne rien dire"( je vais donc en rester là)

La pensée est indissociable du langage et de la communication, on ne peut pas éviter les querelles des mots, et se quereller pour des mots c'est faire connaître ses idées et connaître celles des autres.


En conclusion, il faut éviter ce genre de querelles parce que poussées à l'extrême elles peuvent entraîner certaines violences et elles ne font pas avancer la compréhension entre les humains. Il ne faut pas non plus les éviter, elles révèlent souvent des idées dissimulées derrière les mots.

Nous sommes dans une société dominée par l'image où les mots ne sont plus lus, il faudrait se souvenir que le langage sert à exprimer ses pensées et à les communiquer. Nous sommes aussi dans un système d'assistanat dans de nombreux domaines, mais ce n'est pas une raison pour qu'on parle à notre place. Il ne faut pas se laisser déposséder du langage en laissant à un tiers dire ce que nous pensons.

Il faut faire vivre les mots, les triturer, les critiquer jusqu'à la querelle s'il le faut, car il vaut mieux échanger des mots plutôt que des coups.

3 commentaires:

  1. Pas simple de faire un commentaire sur le monde de dissertations qu'on pourrait induire du sujet en question et comme tout bon prof décliner thèse, antithèse et synthèse.

    Entre mots et langage, je ne choisirai ici qu'un mot pour renvoyer seulement à la complexité du vocabulaire: Depuis le mot le plus simple et sans ambiguité comme par exemple , coquelicot encore que l'on peut le qualifier de petit, joli,flamboyant etc.. et même y voir un symbole: à la place de son coeur y'avait trois gouttes de sang .. comme un p'tit coquelicot .. chacun peut s'entendre
    mais que dire d'un mot comme respect par exemple??ou liberté?qui retiré son contexte induit toutes mésententes possibles? je vous propose de lire un très intéressant billet d'Accent Grave:
    http://accent-grave.blogspot.com/ qui s'intitule "Avec votre respect"
    Pour mon compte je me propose de nous interroger sur l'expression :
    "respecter la vie" qui apparemment ferait l'accord des consciences?:
    écraser une mouche est-ce respecter la vie?tuer un spermatozoîde qui vient de féconder un ovule est-ce respecter la vie ? envoyer un jeune homme se faire tuer sur un champs de bataille est-ce respecter la vie? le condamner à mort pour un délit est-ce respecter la vie ?,
    de quelle vie s'agit-il? dela mienne? des humains? à partir de quel point commence-t-elle et finit-elle??
    les mots sont des êtres vivants qui ne prennent un sens que dans un contexte aussi précis que possible mais variable lui aussi, sans quoi ils ne sont que langage de sourds

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  2. Bonjour Vincent!
    C'est un sujet très serieu que tu as abordé!
    Je suis d'accord, on dit en Russie: un mot n'est pas un voiseau, s'il est parti on ne peut plus attraper!
    Bon Dimanche Bises

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  3. micheline :
    Merci pour ton commentaire et pour le lien que tu as inscrit. Vrai pour le coquelicot. Je n'y avais pas songé.

    Tatiana :
    très belle remarque de ta part. je pense qu'en Russie en ce moment le mot a intérêt à être pesé avant de l'adresser à son destinataire.
    Bonne semaine
    bises.

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Vince "Africantal"