30 septembre 2008

Patrick le Berbère.

Aujourd'hui je fais un intermède dans la vie dans le cantal. Je tenais à tout prix à vous faire connaître le créateur d'un de mes blogs favoris "PAS A PAS SE FAIT NOTRE CHEMIN".

Je n'ai jamais croisé son chemin, toutefois il peut me considérer comme un ami.

Je l'ai découvert.......... Au fait, comment l'ai je découvert? Peut être que c'est lui en fait qui m'a découvert le premier. Voilà!!! c'est ça!!! C'est lui qui est venu au hasard d'un texte que j'avais fait sur un voyage au Maroc. Il cherchait des internautes ayant connu la région de MIDELT où il avait grandi.




Il avait vu que j'étais passé par cette région que je décrivais et avait cru que je la connaissais bien. Puis je suis allé voir son blog dont je suis devenu accro. Quand reviendrai-je à Midelt? Telle était la question que se posait Patrick. Son père y était je crois me souvenir ingénieur agronome et travaillait dans des plantations pendant la présence Française. Venait ensuite le tragique "retour" de sa famille dans une France qui ne reconnaissait pas ses enfants. Les douaniers suspicieux, les fonctionnaires tatillons et sa maman qui ne comprenait pas pourquoi.

Mais je préfère que vous lisiez par vous-même cette épopée sur son blog qui se trouve dans mes liens favoris. Mais sachez que son livre est en train de paraître et le sera certainement avant Noël. J'aurai l'honneur, le plaisir et l'avantage d'être un de ses premier acquéreurs et lecteurs.

Je tiens à la disposition des éventuels acquéreurs un bon de commande. Je le leur ferai parvenir s'ils se manifestent.








Patrick HIERARD

Quand je serai grand, je ferai Berbère

Éditions du Masque d'Or

COLLECTION PAROLES D’HOMMES

Laissez vous entraîner par la saga de Maurice, l’orphelin de Lorraine, qui débarque au Maroc en 1926 pour y mater la révolte des tribus d’Abdel Krim. Suivez-le quand il s’opposera à l’armée américaine de Patton qui débarque au Maroc pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il aime passionnément le Maroc, mais Maurice sera pris dans la tourmente de ce pays qui cherche son indépendance. Meurtres sauvages d’Européens, réponse tribale de l’armée française et c’est l’engrenage dramatique. Il échappera à des attentats, il ne vivra plus qu’avec son revolver et sa grenade dans la poche.

Le calme revient, Maurice trouve sa voix au Sud marocain en aidant les fellahs à développer leur agriculture, il est aimé et respecté, Maurice c’est sur mourra au Maroc.

1965, le retour mystérieux vers la France : il découvre l’affreux nom de « Rapatriés », il est un étranger dans son propre pays, il souffre et sa famille aussi. C’est alors la longue adaptation à son nouveau pays. Maurice a 60 ans…

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BON DE COMMANDE

À découper et à renvoyer à :

SCRIBO DIFFUSION – Éditions du Masque d’Or

18 rue des 43 Tirailleurs 58500 CLAMECY

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« QUAND JE SERAI GRAND, JE FERAI BERBERE »

au prix de 27 € franco de port


Et rien que sa présentation par l'éditeur vous fait envie. je crois que je n'ai pas tout lu sur son blog ou qu'il nous en a caché une bonne partie. Bravo Patrick et bon vent pour le Goncourt.

15 septembre 2008

les bourriols

Cet après midi ma nièce Elisabeth, l'épouse de mon neveu, s'est confié une mission importante. Se lancer dans la fabrication de Bourriols. Je vous en ai parlé, souvenez vous dans un de mes précédents billets. Vous me connaissez. Je ne suis pas pour les querelles de clochers. Mais je trouve une ressemblance certaine avec les crêpes bretonnes. En meilleur bien sûr.

Vous me demanderez pourquoi on n'en trouve pas en vente un peu partout alors, comme leurs cousines! Tout simplement que nous sommes jaloux de nos recettes. d'autres vous dirons que " ça ne supporte pas le voyage "". Je dis tant mieux.


image http://testadaz.com


Que nos voisins du Rouergue ne s'aventurent surtout pas à se les approprier. J'ai vu ce matin que les Corrèziens le revendiquaient. C'est un plat traditionnel incontournable du cantal. C'est toujours une fête dans les foyers, la fabrication de ce plat. Tout le monde l'aime et on est fier de le faire goûter aux "parisiens" et aux vacanciers en général. Qui en redemandent bien sur.


Mais écoutons Zabeth. Elle va parler.


- Aujourd'hui , les filles , je vais vous apprendre à faire des bourriols. Regardez bien parce que la recette est dans ma tête , elle vient de ma mère qui l'a apprise de sa mère, laquelle la tenait de sa grand-mère. On se la transmet de mère en fille depuis des générations.


Les quantités d'ingrédients sont toutes " a viste de naz " ( prononcez " biste dé naz " ) ce que je traduirais par "au pif"et chaque famille a sa recette. Certaines incorporent une pomme de terre cuite à l'eau de plusieurs jours. Pour remplacer la levure. J'ai même vu une recette avec......du poireau. On nous prend vraiment pour des "nichiardas". Des poireaux! Et pourquoi pas de la tomate? Non! Assez ri!!! Restons sérieux.


La petite dernière à le nez collé à la nappe de la table de la cuisine. L'œil vif, elle est fébrile. Sa maman la sort son attente.


- Agathe, sors moi la toupine et un bol s'il te plait.

- la toupie qui fait de la musique ou celle qui fait des étincelles?

- La TOU.PI.NE c'est le grand pot en terre, Agathe, voyons!!

- Marion, verse moi le sachet de levure dans un peu d'eau tiède. Tu vois, c'est de la levure que tu achètes chez le boulanger en petits grains. Si c'est un cube de levure , tu en mets environ 11 g . Mais retiens bien qu'on n'utilise pas la levure en petit sachet rose qui est de la levure chimique.

Casse moi un œuf dans la toupine et ajoute une petite poignée de gros sel (environ 1 cuillerée à soupe) . Et mélange bien.

- Ajoute-la levure pour la diluer tout en remuant . Voilà! Maintenant , verse 1 cuillerée à soupe d'huile, mélange encore.

Ensuite il faut ajouter petit à petit 2 bols de farine de sarrasin ,1/2 litre de lait et ½ litre d'eau , toujours en remuant .

- C'est moi qui remue ? Demande Agathe qui n'a presque rien fait jusqu'à présent.

- Si tu veux , Agathe mais fais attention de ne pas laisser de grumeaux.

- Hou! C'est difficile! la pâte est lourde! continue, Marion, prends la cuillère en bois. C'est quoi des grumeaux maman?

- Maman, c'est normal que la pâte soit plus épaisse que celle des crêpes ?

- Des grumeaux, ce sont des boules de farine qui ne s'est pas mélangée correctement avec le l'eau. Oui c'est normal. Mais vous aller voir, elle va changer de consistance. On va couvrir la toupine, laisser la pâte lever toute la nuit , et demain on délaiera de nouveau avec un peu d'eau et de lait , mais pas trop.


L'après midi se passe comme à l'habitude : goûter, devoirs, préparation du repas, le souper en famille et hop! Tout le monde au lit. Un peu plus tard toutefois que d'habitude car c'est vendredi ce soir et demain il n'y a pas école.

Le lendemain, jour de l'arrivée des "Lyonnais" nos trois ménagères se lèvent de bonne humeur. On va préparer les bourriols.


- Combien j'en mets demande Marion ?

- "A viste de naz " , je t' ai dit , Marion . Tout est question d'habitude! Les recettes de chez nous ne sont pas écrites et quand bien même elles seraient , chaque cuisinière juge si sa pâte est assez épaisse ou trop . On appelle ça " l'expérience, le tour de main". Tu ajoute petit à petit. Je te laisse faire pour cette fois. vas-y. Je te regarde.

- Alors si je veux faire des bourriols toute seule , il faut que je m'entraîne longtemps avec toi ?

- Bien sûr , comme j'ai fait avec Mamie, quand j'étais petite fille..

- Quand ils arriverons on les fera cuire dans " le tuile". Pas les lyonnais bien sûr. Les bourriols!!! . Il faut en faire beaucoup , Tonton Vincent adore ça , il va se régaler !

- On les fera au bleu d'Auvergne ou au saumon demande Marion?

- Au Bleu si on les sert en apéro. Vous vous souvenez comment on les prépare ?

- Ouiiii ! on mélange du beurre et du Bleu d'Auvergne , on tartine le bourriol avec, on le roule , on coupe en tranches , et c'est moi qui piquerai les cure-dents ! s'écrie Agathe impatiente.

- Si tu veux ! et si on les sert en entrée ?

- On les dispose sur un plat , pliés en 4 ou roulés , on met les tranches de saumon à côté, roulées aussi , c'est plus joli , et au milieu , la crème fraîche dans une petite coupelle, récite Marion avec application.

- Et quelques brins de persil pour faire joli !

- Et en dessert ? c'était délicieux , l'autre jour, Maman, quand tu les as roulés avec de la confiture de mûres !

Quelques heures plus tard, le Lyonnais d'adoption que je suis devenu se régale avec sa famille, de l'assortiment de Bourriols.
Moi, je les aime pas particulièrement accommodés de ces fioritures gastronomiques. Tartinés de beurre et agrémentés d'un zeste de citron ils remplacent avantageusement le blinis avec du saumon fumé. Un régal..

Vous voyez , on se régale toujours avec nos vieilles recettes de grand-mère

télévinasse ou les activités au village.

L'hiver nous voyait oisifs un plus que d'habitude et après le cathoche au presbytère, les rares jours de neige, nous essayions de dévaler les pentes des herbages avec nos luges de bois sur une soupasse grisâtre et humide, preuve que le cantal n'est pas une énième Sibérie Française, qui imbibait irrémédiablement nos anoraks de mauvaise qualité jusqu'à nos os et transformait en éponge les plus fiables chaussures de ski de l'époque. Après quelques passages, accélérés par des coups de reins de leurs pilotes, les engins étaient immobilisés sur de l'herbe jaunâtre et boueuse. Les doigts de pieds meurtris par des engelures douloureuses, il ne nous restait plus qu'à regagner nos logis surchauffés par un bon poêle garnis grâce à la bonté de l'usine COMBELLE, qui nous vendait ses déchets de fabrication de meubles.

Les devoirs faits et le goûter ingurgité ça n'était pas la télé qui occupait nos loisirs à plein temps. Mes parents ne voulaient pas de la télé tant que nous étions ma sœur et moi scolarisés.

J'avais deux copains qui l'avaient. L'un était le petit fils du propriétaire des usines COMBELLE, l'autre le fils du café-tabac du village "chez LULU". Et les jeudis après midi, nous regardions dans les vapeurs de pinard et les brumes de gris roulé, les vieux épisodes :

de Rintintin et Rusty,

les Hyvannoë,

, l'aigle noir

Thierry la Fronde


et autres glob-trotters (que nous rejouions les jours suivants dans la campagne entourant le village). Notamment dans le parc du château de sedaige, où "le gâcher" , humble vassal de madame la comtesse nous faisait la chasse.


Je n'ai pas oublié non plus les jeux avec le capitaine la tortue et son complice Bernard Haller présentés par la présentatrice Jacqueline Caura.

certains des acteurs de ces programmes sont devenus célèbres par la suite:
La petite zabou Breitman qui jouait le rôle d'une gamine dans Thierry la fronde. Et que l'on verra plus tard avec Dorothée puis dans des films de Truffaut et enfin derrière une caméra...
Ivanhoé, Roger MOORE, en noir et blanc que nous verrons bien plus tard dans "le saint" et enfin dans James BOND. Y avait aussi un jeune rondouillard qui racontait des histoires avec sa bonne bouille ahurie: Michel Galabru. J'arrête, on va dire que je suis un vieux con.

Lorsque nous ressortions de ces séances de télé-vinasse, nous avions les yeux rougis par la nicotine de Bergerac et la fixité du regard jaunie par l'absence de lumière de la pièce. Regard qui mettait une éternité à reprendre la vision normale des choses. Au moins jusqu'au retour à la maison.

Ce n'est qu'en mai 68 (après les évènements) que mon dab se décidait d'acheter l'étrange lucarne. Mais qu'est ce qu'on avait manqué!!!!!!

Les pavés on ne les avait "vu voler" qu'à la radio. Avec le talent de narrateur des reporters. Mais je me souviens que notre communauté avait fait une grosse manifestation de soutiens au président de la république devant le monument au morts, la patrie étant en danger. Là je rigole mais les vieux de la commune, eux l'avaient à zéro. Ils étaient bien.... une vingtaine dans les rangs. Impressionnant.

mais c'était le bon temps.............

Mon village MARMANHAC.

Cet été Patrick (de Midelt ) écrivait sur son blog "PAS A PAS SE FAIT NOTRE CHEMIN une très belle page souvenirs de jeunesse. Et moi aussi je me souviens de cette période, les années 50/70.

Nous vivions dans un village du cantal, en limite du parc naturel régional des Volcans d'Auvergne (ce parc n'était encore que dans la tête de ses créateurs à cette époque) dans la haute vallée glacière de l'Authre. Cette vallée, baptisée Vallée des Poètes en 1941 par le poète Gandilhon Gens d'Armes, qui offre un patrimoine naturel, paysager, architectural et culturel remarquable, a vu naître et vivre une grande partie de ma famille maternelle. Et mon grand père Fernand PRAX y a composé tous ses poèmes.


Dans ma prime jeunesse, le village de MARMANHAC (prononcez marmaniac).


 Marmanhac est une bourgade de moindre importance mais qui peut se targuer de disposer, outre la célèbre fabrique de meubles pour chambres d'enfants COMBELLE (qui fonctionne toujours très bien) et l'usine de Fromages COMBELLE (fermée depuis qq années) toutes deux situées respectivement aux entrées sud et nord de l'agglomération; cinq cafés (dont quatre cafés-restaurants et un placé à côté de l'église), deux épiceries qui se font toujours la gueule; une mercerie ancêtre du drugstore (sa position centrale dans le village, permettait aux mémés locales de papoter selon le précepte militaire de "voir sans être vue" ); deux boucheries qui se faisaient concurrence, deux coiffeurs (un pour homme, l'autre pour ceux et celles qui voulaient se faire coiffer); deux écoles (la libre et la pas libre); et la poste (qui fonctionnait à plein régime à cette époque là).

A la sortie du village, Au délaï del pont", le café-restaurant-forgeron Landes, recevait deux fois par semaine la tournée du projectionniste M. Sommeiller qui, dans la salle du café nous passait des films. Parfois les mêmes, mais je pense qu'il le faisait exprès. En effet, Marilou, la couturière espagnole du village ne ratait jamais une séance. Quel plaisir nous avions de l'entendre participer à la projection des Josélito l'enfant à la voix d'or, Josélito le rossignol des montagnes, Josélito toréador , Josélito au Tibet (non pas celui-là). Y a de quoi se mélanger les banderilles, 14 mélos de 1956 à 1969. Mais surtout Notre dame de Paris. Quel grand moment d'anxiété!! Marilou insultait les méchants du scénario et même criait à Gina lolo Brigida: "sauve toi vite pauvre petite, il est derrière !!!".




A un kilomètre du village, la vannerie Borne utilisait une main d'œuvre locale importante à la fabrique de mobilier de jardin. Ce village vivait "sur lui même", un vrai Petibonvm" Arverne.

Le tourisme y était favorisé par la proximité des principales routes touristiques dont la "route des crêtes", la situation par rapport aux principales curiosités (Salers et ses environs), le puy Mary et le puy Griou; de charmants ruisseaux poissonneux; mais aussi trois châteaux:

le château de Sedaige (historique et répertorié sur les guides)

celui de la Voulte (ancienne propriété de François Marsal, Attaché au cabinet de Georges CLEMENCEAU, en qualité de responsable des questions économiques (1917-1918 )




et la ferme forte d'Estang du XIème (qui mériterait vraiment une réhabilitation tant son architecture défensive intérieure et extérieure est particulière) qui protégeait autrefois l'entrée de la vallée de l'Authre. L'école publique recevait durant l'été les petits Aurillacois pour la colonie de vacances. Deux petits hôtels modestes mais confortable et tenant bonnes tables délectaient leurs clients de leurs délicieux bouriols et de non moins savoureux tripoux maison.


Ces années là, mère employée des PTT à AURILLAC y avait été mutée à sa demande en qualité de receveuse titulaire. Je goûtais alors, venant du chef lieu, AURILLAC, les joies de la vie au grand air en compagnie de nouveaux copains avec qui je sillonnais les bois et les prés les jeudis et les jours de vacances. Faut dire qu'il y avait de quoi se distraire, entre le parc du château de Sedaiges ceinturé de "hauts murets" (que nous franchissions en cachette), les grottes dans les rochers surplombant de part et d'autre la vallée, les bords de la rivière jusqu'au lointain "Cambou" qui nous servait de piscine l'été. Et même les orgues basaltiques, qui ourlent la hêtraie drapant le plateau de Vermenouze, que je suis un des rares à me vanter de connaître. Elle ne sont répertoriées dans aucun guide touristique, et c'est tant mieux car elles sont bien plus belles que celles de Bord et celle de Saint Flour. Combien de cabanes avons nous construites dans les bois de "la voulte" ou du "bout du lieu"! Combien de kilos de noisettes avons ramassés lorsque l'été tirait à sa fin!! Et de kilos d'écrevisses pêchés à la balance dans les "gourgues" noires et inquiétantes de la prairie du "mas de sédages"!!! Vous me ferez penser à vous raconter un jour, une histoire sur ce sujet.




Je peux, les yeux fermés, vous faire visiter l'emplacement de la Forteresse ruinée 12ème de Roquenatou (roque nauto = notre rocher) envahie par la végétation et sa chapelle du 11ème qui fut le camp, pendant les guerres de cent ans (1388) de nos ennemis anglais; vous conduire aux camps Français d'où les nôtres leur tenaient tête à proximité de mon cher hameau de Mézergues.

Sans me vanter, je peux dire que la commune de Marmanhac est une des plus agréable que je connaisse. Et où je passais les plus belles années de ma vie: celle de ma jeunesse avec les trois Françoise, Marie-Thérèse et Jacques.

Qu'elle est belle, cette vallée de l'Authre!!!

04 septembre 2008

LE POUNTI

Vous avez pu remarquer dans mon texte précédent que je nomme un plat bien de chez nous, :
LE POUNTI.




Le pounti est originaire de Haute Auvergne, donc le Cantal . N'en déplaise aux Rouergats qui nous piquent toutes les bonnes recettes. Toutes. Il faut utiliser des feuilles de blettes ( certains y mettent tout, le vert et le blanc). D'autres y mettent des épinards et de l'huile d'olive mais ça relève de l'hérésie, et de la triche. Y a pas beaucoup d'olivier dans le cantal vous savez! . Quant à la viande, autrefois dans les fermes ce plat était préparé pour utiliser les restes (gras de jambon, cochon cuit, etc.).
Si vous utilisez de la poitrine fraîche ou fumée, alors, oubliez le sel Pas de levure dedans. Surtout pas!!! Ca fait couffler Voici le détail de vos emplettes si vous êtes tentées.

- 300g de feuilles de bette (seulement le vert c'est meilleur)
- 1 petit bouquet de persil et de ciboulette
- 250g de chair à saucisse (facultatif)
- 4 œufs
- 150g de farine (avec levure incorporée) ou + 5g de levure
- 20cl de lait
- huile
- sel et poivre
- 12 pruneaux

Faire gonfler les pruneaux secs à l'eau bouillante.
Dans une jatte, mélanger les œufs, la farine, le lait, la chair à saucisse.
Hacher finement, les contenu dans la jatte. Le tout doit avoir la consistance d'une pâte à crêpe épaisse (ajouter de la farine si nécessaire).
Saler et poivrer
Graisser un plat à bord haut ou une cocote en fonte
Egoutter les pruneaux ( retirer les noyaux :si vous voulez mais avec c'est plus couleur locale).
Verser la moitié de la farce dans le plat, ajouter les pruneaux et les recouvrir du reste de farce
Faire cuire dans le four à 200°C, 50 mn/1 h, jusqu'à ce que LE POUNTI soit bien doré.
Servir chaud ou tiède.



Un CONSEIL
Quand LE POUNTI est froid,
le couper en tranches d'une épaisseur d'environ 2 cm,
le faire dorer à l'huile dans une poêle.
A servir chaud avec une salade verte.
C'est excellent !


LE POUNTI peut être congelé, en tranche épaisse.
Pour le consommer, placez les tranches, directement dans l'huile chaude.
Ne pas oublier un couvercle car l'huile chaude avec les produits congelés, ça pétille !

Bonne dégustation.

Vous pouvez retrouver le POUNTI sur le site testadaz.com ( bonne bouffe cantal)


01 septembre 2008

Regains

Un de ces derniers jours, de retour de vacances, je visitais mes blogs habituels. Surtout celui de Patrick de Midelt, de mes préférés. Encore une fois, Patrick me faisait faire un saut de quarante cinq ans au moins en arrière. Il me renvoyait à la face tout un assortiment d'odeurs, de bruits et de sensations délicieuses que je retrouve encore à mon âge. Mes parents n'étaient pas dans l'agriculture mais les étés nous allions dans la maison de famille qui se trouve toujours dans ce hameau du Cantal, une ancienne ferme transformée en maison "bourgeoise" au fils du temps. Mon grand père ayant quelques terres les louait et faisait engranger une partie du fourrage dans la grange accolée à la maison.


Ca sentait délicieusement bon la poussière de végétaux. D'une porte intérieure surplombant la grange nous sautions dans ce foin jusqu'à ne plus pouvoir remonter à l'échelle. C'était pas très prudent car "on" pouvait y avoir oublié une fourche meurtrière.

Les autres occupations: tôt le matin, au lever du jour, Jeannot le neveu du fermier passait me réveiller et nous allions détacher les vaches des mangeoires de l'écurie de son oncle. On conduisait les "Salers "(ne dites pas le S final s'il vous plait, on n'aime pas ça) au pré et en milieu de matinée on "faisait les neuf heures" : un bout de pain, de Cantal et quelques rondelles de saucisson, et c'était reparti... A l'occasion, ramassage de chanterelles ou de "caps nègres" entre deux rappels à l'ordre à vache fugueuse.


C'était souvent "
la becque" cette folle bestiole, la seule aux cornes dressées, qui sautait les barbelés des parcelles, s'enfonçait dans les genêts bordant les bois voisins ou se cachait dans les "pignassous" des côtes de Pradine . "Macarel!"' Elle nous en donnait du mal, celle là. Heureusement le son aigü de son "esquile" nous facilitait la poursuite. Et on faisait aussi les foins avec la famille du copain, surtout le dimanche après midi. De tracteur, y en avait pas beaucoup au début des années 60 dans le Cantal.

Les foins étaient coupés soit à la faux dans les parties abruptes, soit avec la faucheuse tirée par le cheval.
Puis ils étaient endainés à la râteleuse. Et une fois secs on les "enquillait" sur de lourds chars de bois séculaires et grinçants, tirés par des mules qui redescendaient leur généreux chargement dans les granges. Nous, " les ronces" (les rances = fluets = les gosses) on nous laissait monter sur le foin. Ca le maintenait en place. Les mules. Je les ai toujours entendu nommer ainsi. Pas les équidés, mais des vaches n'ayant jamais vêlé, spécialement dressées pour l'attelage, dociles et patientes, et musclées comme des bœufs.

Parfois c'étaient ces derniers qui remplissaient l'office de convoyeurs. Leur puissance et la dimension de leurs cornes me rendaient extatique.

Les bêtes freinaient de tous leurs sabots sur les voies romaines aux larges dalles polies par le temps et nous baissions la tête pour ne pas nous faire fouetter le visage par les branches basses. Il en reste encore pas mal dans le coin, des voies romaines malgré les remembrements officieux pratiqués par nos jeunes agriculteurs modernes. Mais je vous dirai pas où elles se trouvent. C'est "djudju" comme disent les antillais.

Du haut du chargement en passant au dessus du hameau, nous contemplions 'la cantounade", ce fin fond du village où les maisons d'autrefois, délaissées par les héritiers partis à la ville, se "déroquaient" sous les assauts des lierres et des intempéries. Chaque aller-retour était ponctuéepar une bonne rasade de Corbières bien frais que mon poète et ancien marchand de vin de grand père faisait venir en fûts de Capendu. " n'y o prou, n'y o prou!!!!" puis "Ah! miladiou! quo fo del bé, per ma fé! ! " s'exclamaient les travailleurs en remontant "lou pailhau" sur le sommet de leur crâne blanc. Et ils repartaient. En fin d'après midi, le ciel virait au plomb mais bien qu'on entendit déjà "le diable battre sa fenne" dans les lointains on ne se pressait pas de se hâter tant que le ciel n'était pas noir au relais de télévision de Crandelles. Si l'orage était au Mas de Sédaige, c'était trop tard. On le prenait dessus.

Après le travail, toujours le dimanche ou les jours de fête en fin de journée, les hommes installaient les quilles géantes,ancêtres arverne du bowling, sur la place du hameau. Ils y jouent encore lorsqu'ils organisent des réunions de village sur le couder, succédanés de nos fêtes de la lumière où chacun amène qui sa truffade, qui sa charcuterie qui son pounti
, qui ses bouriols maison. A s'en faire péter la sous-ventrière.


Ces quilles, elles doivent avoir au moins cent ans. Quand j'étais gosse, elles tintinnabulaient déjà sous les coups de boules qui les "décanillaient" en les faisant sauter en l'air. J'aime le bruit de ces fantômes de branches accompagnés du cri du lanceur expert.



Maintenant la grange de la maison ne contient plus de foin mais il reste encore un des chars en bois qui tombe peu à peu en poussière; quelques jougs de bois avec leurs lanières de cuir, les doubles râteaux de noisetier et de multiples accessoires liés à la fenaison. Dont un "ase" (âne en occitan - on prononce "une âge") trépied portant une mini enclume servant à "repasser" avec "uno coue" les lames des "dailhes" abimées par les pierres sournoises.



Quand j'y retourne l'été surtout et qu'un orage pointe son nez, j'aime bien moi aussi ouvrir toutes grandes les lourdes portes de la grange. J'aime aussi sentir cette terre qui se mouille et entendre les grosses gouttes de pluie pétarader sur la toiture.
Ah! cossi mé carro dins lou Cantal!!. Et que de souvenirs!!!!!!!!!!!





Bien sûr les chars ne peuvent plus y entrer. La DDE qui refait de temps à autre les chaussées ne s'embarrasse pas à enlever la couche supérieure détériorée. Non! elle remet une nouvelle couche par dessus, aussi le bâtiment s'enterre peu à peu.